Il y a deux ans très précisément, John Carter sortait en France !

Il y a deux ans jour pour jour, heure pour heure, j’étais en train de marcher dans les rues de Paris, de mon travail dans le 17^ème arrondissement jusqu’à la place Clichy dans le 8^ème arrondissement. J’ai déjà fait ce trajet, plusieurs fois, et je le ferai encore à de nombreuses reprises après, mais pourtant jamais il ne me semblera aussi long.

 Je me dirige tout droit via le boulevard des Batignolles vers la salle de cinéma Pathé Wepler, place Clichy, Paris, France, pour voir John Carter. J’ai pris mon après-midi au boulot pour être à la première séance officielle du premier jour de la sortie du film.

 Dans mon sac, mon précieux premier volume du Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs, tout simplement ma série de roman préférée, que j’ai recommencé à lire en vue de la sortie du film. Il s’agit de la réédition des Editions Omnibus, qui est sortie un mois auparavant, presque vingt ans après la précédente édition chez Lefrancq ! Inutile de préciser que depuis que j’ai eu le coup de foudre pour La Princesse de Mars en 1988, j’ai déjà une image mentale précise de ce que devrait être le film.

 Malheureusement.

 Deux heures et demie plus tard, je ressors du cinéma, catastrophé. C’est quoi ce binz ? John Carter est fade, Dejah Thoris est devenue Xena Princesse Guerrière, Barsoom est juste un désert lambda, les Therns ont des pouvoirs de Jedi… et puis quoi encore ? Le rythme du film est bancal, lors de la scène dans le temple secret des Therns, un des spectateurs derrière moi a fait semblant de ronfler. Il a raison, cette scène casse complètement le rythme du film. J’entendrai par contre ce même spectateur, à la sortie, dire à son ami « c’est mieux que ce que je pensais. ». Sérieux ?

 Voilà. C’était fini, et déprimant. La meilleure chance de voir une bonne adaptation de l’œuvre de mon écrivain préféré s’était enfuie, à jamais. Le film, déjà annoncé comme un échec par la presse américaine avant même sa sortie, n’aurait pas de suite, et c’était tant mieux. Qui voudrait voir une suite à ça ?

 Et puis au cours des semaines qui ont suivi, il s’est produit en moi quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant. J’ai non seulement changé d’avis, ce qui peut arriver, mais mon opinion a fait un virage complet à 180 dégrés. Toute proportion gardée, j’imagine que c’était assimilable à un travail de deuil, celui de l’ « adaptation parfaite » que j’avais en tête. Non, John Carter ne serait pas ce gentleman virginien, Dejah Thoris cette personnalité forte et indomptable, bien que physiquement faible, les Martiens verts ne seraient pas ces monstres sans cœur,  les Martiens rouges n’auraient pas leur code d’honneur inébranlable, Barsoom ne serait pas recouverte de mousse ocre avec sa seconde lune filant dans le ciel, oui les guerriers auraient des armures et des casques, et les constructions martiennes auraient bien des escaliers, et oui, l’histoire d’amour magnifique n’aurait que quelques jours, voire quelques heures, pour passer de la première rencontre au mariage…

 En attendant la sortie DVD, j’ai trouvé sur le net un fichier téléchargeable à la qualité déplorable, où il manquait tout le début du film ! La vidéo ne commençait qu’au moment où les Therns donnaient ses pouvoirs à Sab Tan. Le son était immonde. Et pourtant je la regardai plusieurs fois, notant au passage non plus tout ce qui n’allait pas, mais tout ce qui y était génial.

 Aujourd’hui je peux dire que j’adore le film, que c’est un, sinon mon film préféré, et que je n’ai jamais autant désiré voir une suite à un film. Tous mes espoirs résident donc dans la volonté d’Andrew Stanton à raconter la suite et la fin de l’histoire telle qu’il l’a réorganisée avec ses co-auteurs, Mark Andrews et Michael Chabon.

 S’il vous plait, je vous en supplie, ramenez-moi sur Barsoom !!