Les Hommes Synthétiques de Mars, excellent !

Certains spécialistes de Burroughs, comme Richard Lupoff, décrient Les Hommes Synthétiques de Mars. En ce qui me concerne c’est toujours un délice de bout en bout !

 Après les Epées de Mars, Les Hommes Synthétiques de Mars est le neuvième roman du cycle, et même le dernier roman tout court, puisque les deux recueils suivants, Llana de Gathol et John Carter de Mars, sont composés de nouvelles.

 Suite à un banal « accident de la route » (une collision entre deux vaisseaux), Dejah Thoris est entre la vie et la mort, et les médecins de Hélium ne peuvent que la maintenir en vie et sont incapables de guérir son dos brisé. Le seul espoir de Dejah est Ras Thavas, le chirurgien émérite de Mars, personnage emblématique du sixième roman, le Conspirateur de Mars (mes impressions sur ce dernier ici : http://normantrayfr.canalblog.com/archives/2013/12/11/28635949.html ).

 Oui, je sais ce que vous allez me dire, « ok, Dejah Thoris est encore en danger », mais contrairement à ce que le résumé pourrait laisser penser, on ne suit pas du tout John Carter au cours du récit, mais un de ses protégés, Vor Daj, qui l’accompagne dans son périple. Tous deux sont bientôt capturés par des êtres grotesques, les Hormads, d’apparence globalement humaine mais avec les traits placés n’importe où sur le visage, un œil sur le front, une bouche au niveau du menton par exemple, et dont les membres sont plus ou moins bien proportionnés. On ne peut les tuer, tout au plus les neutraliser en les décapitant, le corps est alors dans la plus totale confusion, alors que la tête, toujours « vivante », lance force jurons à son adversaire ! Ce sont des êtres artificiels, créés par Ras Thavas dans des cuves, et qui ont fini par se retourner contre leur créateur. Le chirurgien de Mars est depuis lors prisonnier, condamné à produire toujours plus de Hormads, qui dès lors qu’ils seront assez nombreux, partiront à la conquête de tout Barsoom !

 Mais comme toujours chez Burroughs, la quête prend rapidement un caractère plus personnel. Vor Daj est tombé amoureux de la belle Janai, elle aussi prisonnière, et son seul moyen de l’approcher consiste à échanger son cerveau avec celui d’un des Hormads…

 Les péripéties haletantes s’enchaînent bien entendu, et sont souvent très drôles. Les réflexions des différents Hormads sont savoureuses, et certaines des peuplades rencontrées dans les marais de Toonol sont certes à la limite de la parodie, sans à mon avis franchir la ligne jaune. Le compte à rebours est haletant, Vor Daj réussira-t-il à recouvrer son corps d’origine, Janai aura-t-elle su voir à travers le corps grotesque du Hormad pour tomber elle aussi amoureuse de Vor Daj ?

 Un excellent roman, plein de visions semi-horrifiques, semi-comiques. En ce qui me concerne c’est un des meilleurs du cycle, voilà, c’est dit !