Mon James Bond appartient au passé, et John Cleese est d'accord

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J'ai grandi avec James Bond, et ce James Bond était à l'époque Roger Moore. Suave, charmeur, 100% compétent, il traversait les films, comme le disait mon père, sans que sa coiffure en souffre et quelles que soient les péripéties. C'était et ça reste toujours la quintessence du héros "pulp". On ne sait quasiment rien de lui, sinon les actions qu'il accomplit dans le cadre de ses missions. J'étais même surpris de découvrir dans les premiers films avec Sean Connery qu'il avait un chez-lui, et une petite copine qui a vite disparu de la scène.

Moore n'était peut-être pas conforme au personnage des romans, mais pour une fois, ça n'avait pas d'importance. Je n'ai pas aimé les romans, j'aimais le personnage de cinéma, une fantaisie totale. Il effectuait les cascades les plus improbables, était irrésistible avec les femmes, et sauvait le monde à la fin de l'histoire, le tout avec le sourire aux lèvres. Bond est devenu, ou plutôt était devenu, un mythe cinématographique pur. Certes, il y avait eu un Permis de Tuer un peu plus "dur" que la normale, mais c'était justement ce qui était intéressant, c'était une exception dans la saga.

Déjà à l'époque de Pierce Brosnan, je sentais la fin de règne arriver. On n'autorisait plus aux cotés de Bond de femme en détresse. C'était devenu honteux. Après Goldeneye et l'informaticienne russe, les personnages féminins devenaient l'égal de Bond, et n'avaient quasiment même plus besoin de lui. M était devenu une femme, pas de problème là-dessus, mais elle traitait Bond de dinosaure mysogyne.

Arrive Daniel Craig. Casino Royale est bien fait, mais ce n'est plus le Bond fantasmé, sans être non plus celui des romans d'ailleurs (Ian Fleming envisageait David Niven pour jouer Bond, on est loin de la brute épaisse aux cheveux de hérisson). Scènes de combats brutales, assassinats de sang-froid, scènes de torture, et un Bond amoureux ? Pour la première fois, Bond semble suivre la tendance initiée par Jack Bauer dans la série 24 Heures, et par Jason Bourne au cinéma. Casino Royale, comme les deux films suivants, a le cul entre deux chaises, plus "réaliste" d'un côté, tout en gardant des scènes improbables, comme celle ou Bond se rétablit en quelques minutes de ce qui a été un arrêt cardiaque. C'est une réussite au box-office, donc bien leur en fasse. Pour moi c'est au mieux un calcul à court terme. Bond a cessé d'être spécial, il est à présent noyé dans la masse des films d'actions, fonctionnant désormais en roue libre, jusqu'à l'arrêt complet ? Nous verrons bien. Il n'y a pas de signe d'essouflement apparent en tout cas de cette nouvelle formule. En tout cas elle n'est plus pour moi, malheureusement.

John Cleese qui a joué le nouveau Q dans les deux derniers Bond avec Pierce Brosnan, est apparemment d'accord puisqu'il affirme dans l'article mis en lien : "Je pense qu'ils ont décidé que le ton qu'ils recherchaient était celui des films d'action mettant en scène Bourne, qui sont très sombres et sans humour. Et aussi, parce que la plupart de l'argent vient maintenant d'Asie, des Philippines, du Vietnam, ou d'Indonésie, là où le public va surtout voir des séquences d'action, celles-ci sont à mon sens beaucoup trop longues."

John Cleese, mon héros...

"On ne vous a jamais dit que vous partagiez vos initiales avec John Carter ?"