Cher Joe Sinnott, reposez en paix #Marvel

Joe Sinnott a été enterré. Il est mort à l'âge respectable de 93 ans, et je me rends compte que sa vie d'artiste m'aura davantage marqué que nombre des dessinateurs dont il aura encré les oeuvres. Il aura surtout été connu pour avoir apporté la touche finale aux dessins d'innombrables autres artistes, de Jack Kirby à John Byrne, John Buscema bien sûr, il aura encré la plupart des plus grands dessinateurs de l'âge d'or de chez Marvel.

Il fait partie de ces esthètes qui embellissaient tout ce qu'il touchait, quite à prendre le pas sur le dessinateur original, mais qu'importe, c'est le jeu. On sait quand on voit certains noms d'encreurs qu'on était en droit d'attendre quelque chose de propre, voire d'exceptionnel. Les Terry Austin, les Bob Layton, les Tom Palmer... Je pensais même la pratique limitée aux anglo-saxons, mais nombre de dessinateurs de bandes dessinées franco-belges avaient des collaborateurs ou bien des petits studios qui les aidaient à produire leurs planches, simplement cela n'était jamais mentionné.

Joe Sinnott restera pour moi l'encreur de La Chose, un des personnages les plus emblématiques de Marvel, un des plus distinctifs et des plus réussis. Il avait une manière de rentre les "briques" toute particulière et élégante, à base d'ombres, et de petits points évoquant un aspect rugueux, comme sur l'exemple ci-dessous. Je ne compte plus les heures que j'avais passées sur ma feuille de dessin à tenter de répliquer cette technique, un peu vainement.

A l'époque où j'ai commencé à lire les comics, Nova publiait, très en retard, les épisodes des 4 Fantastiques, et les embellissements de Joe Sinnott accompagnaient de magnifique manière les Rich Buckler, George Perez, John Byrne et Bill Sienkewicz, qui pour ce dernier n'avait pas encore son style si particulier (ou alors Joe Sinnott l'avait "gommé"). Tout comme Terry Austin sera sans doute à jamais l'encreur de John Byrne dans les esprits, et Bob Layton celui d'Iron Man, Joe Sinnott restera celui de La Chose iconique. Reposez en paix, Monsieur Sinnott, vous avez mérité votre place avec les grands de la profession.